Naoshima
Naoshima

Naoshima Sous Acide

Naoshima, l’île japonaise où l’art, les chats et la mer se rencontrent dans une atmosphère unique et envoûtante.

Naoshima est une petite île japonaise située dans la mer intérieure de Seto, entre les préfectures d’Okayama et de Kagawa. On y accède facilement en ferry depuis Uno ou Takamatsu. En arrivant, on pourrait croire à un port banal, un village discret, une colline boisée comme tant d’autres. Et pourtant, ici, les sculptures poussent comme des champignons, les chats semblent poser pour les visiteurs, et les œuvres d’art surgissent dans les endroits les plus inattendus : une maison de pêcheur, un ancien salon de coiffure, un recoin de plage. Naoshima est devenue, en quelques décennies, l’une des îles les plus fascinantes du Japon, un terrain de jeu improbable.

D’une île-usine à un Laboratoire d’Utopies

Au début du XXe siècle, Naoshima vivait au rythme d’une raffinerie de cuivre. L’installation de Mitsubishi, en 1918, transforma radicalement le paysage. Arbres calcinés, collines rasées, air saturé de fumée. Puis, dans les années 1990, un homme d’affaires passionné d’art, Fukutake Soichiro, imagine un projet fou : redonner souffle à l’île par la culture. Il commence par restaurer d’anciennes maisons de Honmura pour en faire des espaces d’exposition : c’est la naissance du Art House Project. Il confie ensuite à l’architecte Tadao Ando la construction de musées comme le Chichu Art Museum, enfoui sous la terre pour ne pas heurter le paysage, où la lumière naturelle module l’expérience des Nymphéas de Monet. Aujourd’hui, Naoshima est un écosystème où l’architecture, la nature, les habitants et les œuvres cohabitent dans un équilibre parfois bancal, mais toujours intrigant.

Deux Citrouilles, Deux Ambiances

L’icône de Naoshima, c’est une citrouille. Jaune, monumentale, couverte de pois noirs. Posée seule au bout d’une jetée, elle semble guetter les ferrys avec nonchalance. Créée par Yayoi Kusama, elle est devenue plus qu’une œuvre : un totem. En 2021, elle a été emportée par un typhon, et son absence a créé un vrai vide. Elle est revenue, réparée, presque comme avant. Mais depuis, elle semble encore plus précieuse, comme si elle avait survécu à une épreuve.

Ce qu’on dit moins, c’est qu’il existe une autre citrouille. Rouge, celle-là. Moins contemplative, plus joueuse. Installée près du port, elle a des trous, des passages, des ouvertures : une sculpture dans laquelle on entre, on rampe, on disparaît. Les enfants l’adorent. Les adultes aussi, même s’ils font semblant de n’y entrer que pour accompagner les enfants. Kusama y a glissé une part d’enfance, de délire joyeux et cela résume assez bien l’île.

J’ai aussi croisé deux petites citrouilles posées sur un muret. Rien d’officiel, pas de plaque, juste là, peintes à la main. Sans doute un clin d’œil de quelqu’un du coin. C’est ça aussi Naoshima : entre deux œuvres signées, des gens qui s’approprient l’ambiance à leur manière.

Naoshima
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Œuvres Planquées et Chats en liberté

En-dehors des musées balisés, il y a tout le reste. Les œuvres disséminées dans les recoins de l’île. Les sculptures en inox posées près d’un banc. Les installations multicolores surgies d’un terrain vague. Un jour, je suis tombé sur une structure féline, d’un kitsch assumé mais parfaitement euphorisant. Une œuvre pop qui ferait, presque, de l’ombre aux chats de l’île ! Partout. Indifférents, élégants, parfois familiers. L’un d’eux m’a suivi sur plusieurs centaines de mètres avant de retourner s’allonger, comme si de rien n’était, sous une pancarte indiquant “no photography”. J’ai bien entendu obtempéré.

En marchant un peu au hasard, on peut croiser la route d’une poubelle géante, toute en couleurs, évidemment pas faite pour les ordures. Ou encore un vieux vélo suspendu, entièrement customisé, comme échappé d’un rêve d’enfant. Et puis, il y a les œuvres de la génialissime Niki de Saint Phalle : un banc en mosaïque, avec un personnage en train de lire, posé là comme si de rien n’était, et ces grands serpents entremêlés, pleins de joie et d’énergie brute. À Naoshima, l’art déborde un peu partout, souvent sans prévenir, et c’est ce qui le rend aussi vivant.

Et puis il y a tout ce qui n’est pas classé art contemporain mais qui mérite autant le détour : des devantures rétro à moitié effacées, des architectures bancales qu’on dirait sorties d’un film des années 60, des boutiques à l’abandon remplies de babioles oubliées.

En flânant sans objectif, on tombe sur un Japon doucement décalé, un peu hors du temps, qui contraste délicieusement avec le minimalisme soigné des musées.

Une Pause Sucrée et un Vrai Faux Pas

Je dois vous parler de Kokochi. Un petit café installé dans une maison japonaise improbable, à mi-chemin entre l’élégance d’un ryokan Edo et le fouillis d’un salon Showa. L’intérieur est un festival de bibelots, mais les desserts… quelle claque. Macarons fondants, dressages minutieux, textures parfaites, le tout fait minute. Ce n’est pas un café, c’est une cérémonie sucrée.

À l’inverse, j’ai testé Naoshima Noodles. Mal m’en a pris. L’endroit ressemble à un garage transformé en cantine, et malgré les avis dithyrambiques, j’ai eu droit à un bol de ramen flou, sucré, tiède, et triste. Un faux pas dans un décor sans faute.

Naoshima, au Feeling

Ce qu’il faut savoir, c’est que Naoshima se vit mieux quand on accepte de ne pas tout planifier. L’île n’est pas là pour enchaîner les spots. Il faut marcher, traîner, s’asseoir, se perdre. Regarder le soleil sur les murs en béton d’Ando. Suivre un chat jusqu’à une impasse. Prendre un vélo et partir sans destination. Et si vous poussez jusqu’à la plage de Tsutsuji-so, vous trouverez un petit onsen face à la mer. L’eau y est chaude, la vue parfaitement dégagée, et après une journée à errer entre art, chats et ruelles, c’est probablement la meilleure manière de ne plus vouloir repartir.

Et si vous avez la chance de vous attarder sur l’île, peut-être que, comme moi, vous aurez cette impression rare : celle d’avoir mis les pieds quelque part entre le rêve éveillé et le terrain vague artistique. Un lieu calme, mais doucement halluciné. Sous acide doux, donc. Juste ce qu’il faut.

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Qui est Jordy Meow ?

Jordy Meow

Je suis Jordy Meow. Photographe le jour, développeur la nuit. Parfois le contraire.

Je vis au Japon et j’explore les lieux insolites, abandonnés, mais aussi les beaux paysages et petits villages.

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