263 marches, près de 1000 torii, et un rouge qui te reste dans l’œil. Taikodani Inari-jinja ne se visite pas : il s’imprime. Installé au XIXe siècle pour protéger Tsuwano de la “porte des démons”, ce sanctuaire aligne ses arches vermillon comme un sort de défense visuelle. Le lieu n’oublie rien, ni les vœux, ni les clés, ni ce que tu venais vraiment chercher.
Mille torii et un frisson

Ici on grimpe : 263 marches, presque mille portails rouges. À Tsuwano, l’air est déjà dense, mais ici il devient épais, chargé de mousse, de clochettes lointaines, et de cette couleur si particulière : le rouge d’Inari. Un rouge qui pulse, qui vibre, qui te mange doucement la rétine !
Le tunnel est long : 300 mètres d’arches et de promesses. On a l’impression d’être avalé par une bouche en bois sacré. À mi-parcours, plus de réseau. Parfait : tu n’as pas besoin de GPS pour te perdre ici.
Au sommet, le calme rituel
Là-haut, le sanctuaire s’ouvre comme un origami bien repassé : toits vernissés, piliers éclatants, lanternes suspendues à l’attente. Tsuwano s’étale en contrebas, minuscule maquette entre forêt et collines. Au centre, un torii géant posé sur un pont, comme un interrupteur divin : ON / OFF — pour les humains comme pour les esprits.
Inari est là. Ou du moins ses messagers : les fameux renards blancs sculptés, perchés, tapis. Certains ont l’air bienveillant, d’autres franchement moqueurs mais tous veillent. Et s’amusent un peu, peut-être, certainement même !
Quand la nuit allume le sanctuaire
À la tombée du jour, tout bascule. Les lanternes s’allument une à une, comme si quelqu’un jouait du shamisen avec les étoiles. Le tunnel rouge devient incandescent. On avance dans une rivière de lucioles figées. Les bruits de la ville s’éteignent.
Souhaits, clés et voitures
Taikodani Inari ne fait pas dans la demi-mesure. Il rend les objets perdus, dit-on. Les clés, les portefeuilles, les souvenirs. Une prière bien formulée et hop, miracle ! Un garde aurait évité le seppuku grâce à ça. Clé disparue, sept nuits de prière, une apparition soudaine. Depuis, on dit que ce sanctuaire exauce les vœux. Et comme pour appuyer cette légende, le caractère de Inari ici n’est pas celui de la moisson (稲荷), mais celui de l’accomplissement (稲成). Ce pouvoir supposé d’Inari à retrouver ce qu’on a perdu ou à prévenir les mauvaises surprises ne s’arrête pas aux humains. Même les voitures passent sous bénédiction – taxis, vans, kei-cars – qu’on aligne en silence avant qu’elles ne repartent lavées d’accidents.
Final en rouge et or
Taikodani Inari, c’est un peu une scène vivante accrochée à la montagne, traversée par les pas des fidèles, des curieux, des rêveurs. On y vient pour le rouge. On y reste pour ce qu’on ne voit pas. Et quand on repart, on a beau redescendre les 263 marches, on n’est pas tout à fait le même. On a laissé un vœu, un doute… ou son numéro de plaque au renard du coin. Dans tous les cas, on sait qu’on reviendra. Surtout si on perd ses clés.
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