Après une croisière nocturne agréable depuis Tokyo, il est 6h du matin, et les contours de Niijima se dessinent déjà. Voici donc la fameuse île de Pâques de Tokyo ! Sa particularité est d’être constituée de kouga, un type de rhyolite, une roche volcanique.
Je ne veux pas vous ennuyer avec des explications scientifiques dont je ne suis pas capable, mais le rhyolite est de composition similaire au granite. La différence ? Le granite provient d’un très lent refroidissement du magma en profondeur. Le rhyolite, lui, né d’une éruption en surface. Les cristaux qui en résultent sont ainsi extrêmement plus fins sur la rhyolite. Et le kouga étant un type de rhyolite made in Japan, c’est forcément mieux, non ? 🙂
La Shine, Wind & Wave Tower
Une fois arrivés au port, je me demande comment nous allons continuer : voiture ? vélo ? à pieds ? Il y a plein de petites choses à voir sur l’île, et elle est plutôt montagneuse. Je décide d’aller hésiter sur la question à l’ombre d’un escalier géant pour réfléchir.
Le nom de cet escalier semble représenter les éléments clés de Niijima : la lumière, le vent et l’eau. C’est une île de surfeurs ! Le kouga manquerait-il alors à l’appel ? Non, cet escalier est justement 100% kouga ! En haut des escaliers, nous remarquons que la Grèce n’est pas si loin…
J’opte pour la voiture la plus pourrie du loueur le plus farfelu. Il se ramène une heure plus tard avec une cagette montée sur roues crevées à un prix défié par toute la concurrence : 10,000Y (80 euros) / jour. Mais bonne nouvelle, la seule condition de retour c’est qu’elle puisse encore rouler 😎
Observatoire d’Omine
Je ne regrette pas une seconde d’avoir pris ma cagette de luxe. Elle nous emmène avec entrain dans les hauteurs pour profiter des fraîches couleurs du matin.
Cet observatoire à Omine, apparemment peu visité, propose pourtant une vue imprenable de Niijima. Le port et le village principal sont sur la gauche.
Les plages sont sur la droite. La seule et unique piste de l’aéroport coupe l’île littéralement en deux. Un tunnel traverse le massif montagneux en face pour rejoindre le minuscule village de Wakago.
Observatoire
d’Ishiyama
À quelques minutes de là, au milieu des carrières, voici un spot réputé pour sa statue à la sauce Moai en kouga, et sa vue sur l’île de Shikine-jima (où nous irons demain).
En regardant vers le nord, la vue est moins dégagée qu’à l’observatoire précédent mais il est possible d’apercevoir une partie du port.
Observatoire de Fujimi Pass
Allez, un dernier observatoire, cette fois-ci au beau milieu de Niijima. Nous retrouvons Shikine-jima, au loin, et la ville principale de Niijima en premier plan.
Avec un ciel limpide, il est possible de voir la Péninsule d’Izu (voir mon article sur Une Journée sur la Péninsule d’Izu) et même le Mont Fuji. Ma photo est mauvaise, il vaut mieux y aller soit très tôt le matin ou alors pour le coucher de soleil.
Le Niijima Water Park
La cagette bondis et rebondis. Les bosses des routes de Niijima n’ont aucun secret pour elle ! Après un dérapage hollywoodien, elle se cale au fond d’un parking vide. Les portières s’ouvrent, et le bruit du moteur fait place au chant des oiseaux et des cascades.
Des structures de type gallo-romain sont éparpillées dans une sorte de Jardin d’Eden. C’est mignon et agréable. Le lieu ne semble pas avoir d’histoire particulière, mais il représente l’harmonie entre la roche kouga et l’eau.
C’est un parc idéal pour les familles. Il serait à Tokyo, il aurait un succès fou !
Les Statues Moyai
J’ai toujours été curieux d’aller à Niijima pour aller y chasser ses statues Moyai, disséminées partout sur l’île.
Elles sont bien-sûr inspirées des statues Moai de l’île de Paques, et la plus célèbre des statues ne se trouve en vérité pas à Niijima, mais à la station de Shibuya !
Le papa de ses statues, c’est Yuichi Daigo. Il souhaitait créer un symbole fort pour Niijima, à des fins touristiques.
Depuis les années 60, et malgré ses multiples détracteurs, elles sont réalisées par Yuichi et ses amis, 100% kouga.
Village de Niijima
Soyons clairs, le village principal de l’île ne casse pas des briques (de kouga). Les habitations sont pour la plupart de ciment, pour résister aux intempéries.
Il ne s’y trouve rien de spécial, à part cet igloo étrange, quelques maisons abandonnées, une boulangerie (qui m’a sauvé la vie, chaque matin), de très rares ryokans, des mini-hôtels et 7-8 restaurants au total.
Pas de combini, ni de banques. Le soir, les touristes errent désespérément dans les rues à la recherche de victuaille. Il faut absolument réserver à l’avance.
Heureusement, nous avions réservé à l’avance le meilleur sushi de l’île ! Sera t-il à la hauteur de nos espérances ?
Sakae Sushi (栄寿司)
L’intérieur est dénué de charme. Il semble avoir été agrandi à la va-vite pour accueillir plus de clients. Heureusement, nous sommes assis au comptoir (bien plus sympa pour apprécier le travail du chef) et les plats sont extras. Ci-dessous, c’est le shimazushi, une spécialité unique aux îles de la Péninsule d’Izu, un poisson blanc mariné dans une sauce secrète à base de soja et décoré d’une noix de moutarde. Un délice…
Il y a un autre plat que j’ai particulièrement adoré : c’est le tempura de ashitaba (明日葉), une plante locale légèrement amer, frite al dente. Un plaisir à grignotter accompagné de nihonshu ! Mais… vous n’avez rien au kouga, chez vous, monsieur le sushi-chef ? Même pas un kouga-cola ? Désolé 🤭
La Nuit
sur Niijima
23h, tout est fermé, c’est le noir total. Pour dormir, je n’ai aucun conseil particulier. J’ai beaucoup apprécié ma nuit dans la pension Ono-ya (旅館大野屋) mais abhorré pas aimé le Niijima Grand Hotel (新島グランドホテル), vraiment trop dépravé démodé, malgré la candeur de ses mamies son équipe.
Yunohama Roten
Le matin fait son retour. Après un déjeuner à la seule boulangerie de l’île (Kajiya Bakery), je file au Yunohama Roten, le fameux rotenburo (bain extérieur) de Niijima.
Il y a du monde pour le coucher de soleil, mais le matin, aux alentours de 7h, ça ne se bouscule pas. Il est ouvert 24/24, alors pour ceux qui ont l’occasion, la nuit ça doit être le top ! ✨
Il y a un autre onsen, payant, et un peu vieillot juste en face. Si vous avez besoin de vous laver, d’un massage, ou d’un bain de boue, c’est plus adapté.
Il y a une multitude de sculptures en kouga, alignées le long de la mer, après le onsen.
Le Cimetière Runin
Une autre curiosité de Niijima, c’est ce joli cimetière avec ses petits chemins de sable blanc. Les contrastes de lumières et de couleurs sont fantastiques.
Il est très probable que les habitants du village soient impatients d’y emménager ! Ce cimetière est bien plus joyeux 🤫 Je me demande si ces tombes sont en kouga.
En contrebas se cache un autre cimetière : celui des exilés. Pendant l’ère Edo, les îles de l’Archipel d’Izu accueillaient les criminels de toutes les classes sociales.
Pas vilain, le cimetière des exilés, non ? Certains d’entre-eux fûrent en réalité très respectés. Ils ont apportés des connaissances auparavant inaccessibles aux locaux, notamment dans le domaine médical et de l’education.
Un petit jeu, si vous allez sur l’île. Cherchez-moi cet énergumène d’animal et son calumet ! Un indice ? Ci-dessous.
Wakago
Sacré curiosité ! Sans elle, nous n’aurions jamais été emmenés à pousser la cagette à travers le seul tunnel de l’île pour aller visiter le village de Wakago.
Nous sommes accueillis par cette statue au regard légèrement sombre. Que sommes-nous venus chercher ici ? Rien. Nous trouvons un sanctuaire, une école, des maisons, mais rien de plus.
Je décide alors d’aller somnoler un peu sur le port…
… avec les mouettes. Nous ne croiserons personne d’autres à Wakago.
Habushiura Coast
Il nous reste maintenant les lieux les plus iconiques de l’île à visiter ! Là où se retrouvent tous les plagistes, les bivouaqueurs, et les surfers, c’est Habushiura.
La plage est extrêmement belle, mais il n’y a personne aujourd’hui. Je cherche ses fameux tubes mais l’océan est très serein.
Habushiura Park
À côté se trouve le parc interactif de Habushiura. Pour moi, ça sonne très années 90, mais il n’y a rien de particulièrement interactif, ni de spécial à y faire. Il s’y trouve toutefois ce très joli couple.
Le parc est assez grand, avec quelques tables, des cailloux étranges. L’île est définitivement prête à recevoir une immigration intense de plagistes.
Les Falaises Blanches
Secret, comme elle est nommée ici à Niijma, est une plage située au sud de celle d’Habushiura. J’ai visité des centaines de plages au Japon, d’Hokkaido à Okinawa, mais aucune d’elles ne marrient aussi bien les paramètres de calme, propreté, et beauté.
En marchant, il est possible de rejoindre Shiro-mama, les fameuses falaises blanches. Cette section de l’île est en fait interdite d’accès. J’ai vite compris pourquoi…
… la falaise est en train de s’effonder ! 😵
Par la force des éléments (la pluie, la houle, le vent…), ce sont de véritables cascades de kouga qui sont nées et qui s’écoulent en continu.
En face de ce phénomène, dans l’océan Pacifique, je trouve enfin quelques surfeurs. C’est le meilleur spot de l’île pour le surf !
Après cette visite insolite, nous profitons un peu de la plage, et nous nous dirigeons vers l’aéroport. C’est un petit coucou qui nous ramènera à Tokyo en quelques 35 minutes seulement.
Je me suis vraiment bien amusé sur l’île de Niijima. J’ai toutefois été assez surpris par le coût total de l’épopée, surtout que la qualité nippone à laquelle nous sommes habitués n’est pas forcément au rendez-vous : c’est un voyage de luxe, sans en être un. Mais il y a une alternative, plus adaptée à Niijima : c’est d’y venir avec sa tente, ses vivres et surtout, son surf ! 🏄♂️
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