Outre son aspect de forteresse des mers, l’île est aussi connue pour avoir inspiré le fameux animé Your Name (Kimi No Nawa). En effet, autour de la ville natale de l’héroïne se trouve un paysage fabuleux et assez similaire, forgé par l’impact d’une comète. Dans le cas d’Aogashima, les enfers se sont déchaînés depuis les profondeurs des océans plutôt que depuis l’espace 🙂
Comment aller à Aogashima !?
Dans mon cas, en ferry depuis Hachijojima ! Mais ce n’est pas la seule option. En fait, les visiteurs viennent généralement en hélico, également depuis Hachijojima.
Le problème du ferry ? Il est annulé la plupart du temps ! Regardez-le se dandiner… l’accostage à Aogashima est un problème, à chaque fois ! Il est donc impossible de réellement planifier une visite… à moins de rester sur Hachijojima et d’attendre la clémence des dieux. Je me suis donc pris une guest-house près du port de Hachijojima, j’ai attendu les bonnes conditions, et sauté dans le ferry dès que ces dernières étaient réunies.
L’autre solution donc, c’est de réserver un vol en hélicoptère à l’avance. Il n’y a que 8 places (et une liste d’attente en cas d’annulation, j’ai essayé…). Il faut donc s’y prendre quelques mois à l’avance. Certainement pas mon style, malheureusement, et aucune envie d’aller sur Aogashima sous la pluie et encore moins de me retrouver en hélico dans une tempête ! 🙁
En voiture !
J’ai eu de la chance car, dans mon cas, si tout se passait au mieux, je me retrouvais accompagné de deux autres joyeux lurons… et c’est le cas ! Les conditions idéales sont donc bien plus que réunies. Ajoutez à ça la location d’une voiture (indispensable) qui nous attend au débarcadère et nous sommes partis. Je vous propose une mise-en-bouche via mon drone…
Aogashima se présence comme ceci, il n’y a aucune plage, la végétation se concentre à l’intérieur, il n’y a pas de cascade incroyable (il y a une photo qui traîne sur Internet mais c’est ailleurs ou alors c’est un montage). L’île n’est constituée que d’une route principale qui part du port pour tenter de rejoindre tant qui bien que mal le seul village de l’île. Celle-ci permet de se rendre ensuite sur plusieurs spots et de faire le tour de Maruyama, le cratère intérieur. Allez, on file !
Maruyama, le cratère intérieur d’Aogashima
J’ai beau être de Bordeaux, je serais incapable de vous faire un cannelé. Ou alors il ressemblerait probablement à Maruyama ! N’est-il pas chou-crème ? Saupoudré d’une splendide diffuse lumière, notre flamby affaissé appelle à être consommé.
La marche est plutôt rapide : en faire le tour prend à peine 45 minutes. Mais elle est intense. Nous sommes sur Aogashima, même mieux ! On batifole dans son coeur, le berceau même de son existence ! Une aura mystique règne, des fleurs et des couleurs contrastent avec la verdure enivrante et nous emmènent à penser que nous avons changé de planète.
L’activité volcanique d’Aogashima est intense, des fumerolles font les folles partout autour de Maruyama. Et car – ne l’oublions pas ! – nous sommes au Japon, tout est fait pour les transformer en attractions. Il est possible ici de faire chauffer ou réchauffer ses plats via des cuisinières qui utilisent la chaleur volcanique, ou mieux, de se faire chauffer dans un sauna. Nous choisissons la seconde option. Voici donc Fureai Sauna, l’unique sento et sauna géothermique d’Aogashima.
Plus sexy que les onsen-tamago…
les géothermo-roustons !
Et voilà.
Je crois que nous sommes à peu près passés par tous les spots d’Aogashima. Mais comme je vous sens encore sur votre faim, allons rouler un peu plus sur la route très kune-kune de l’île. Kune-kune (くねくね) est une onomatopée qui transmet plutôt bien la forme de cette route.
L’état de la route et les efforts déployés pour la protéger nous montre à quel point la vie (des humains) sur Aogashima est en danger. En effet, la pêche est difficile, l’agriculture est très limitée, l’accès est difficile pour le ferry… et la route reliant le port au village menace de s’écrouler ! Je me demande alors, pourquoi ne pas laisser cette île aux oiseaux ?
D’ailleurs, il y avait un autre port avant. Nous sommes tombés dessus par hasard en essayant d’emprunter une route effondrée.
J’ai l’impression étrange que le maintien de la vie humaine sur Aogashima est liée à des besoins politiques et militaires. Sous l’île pourrait même se cacher une immense base militaire ultra-moderne !? Soyons fous, allez, carrément une civilisation extra-terrestre qui essaie de s’habituer aux humains, tout en douceur, en faisant quelques sorties de temps en temps à Aogashima City 😼 En parlant de ça…
Aogashima City
La petite ville se trouve sur le plateau élevé de l’île, à la proue du navire. Avec à peine une centaine d’habitants, il n’y a pas besoin de grand chose, et afin de défier la violence des éléments, les constructions sont simplement faites de béton. Il n’y a aucun restaurant sur l’île, seulement un petit magasin très simple, une station-essence, des petites guest-houses et… un bar !
De la ville, et en descendant au bout de l’île, se trouve la seule et unique ferme.
La Ferme Jowman Ranch
Voici un éleveur de wagyu. Vous savez, le boeuf Japonais de luxe, le roi des bovins nippons. Ils se prélassent de massages, tout en s’encaissant des fûts de bière, en regardant Netflix (“la musique classique, c’est pour les vieilles vaches ringardes” – qu’ils aiment à nous répéter), et… en attendant leur heure de gloire, à la guillotine ! La vérité c’est que ces bêtes sont simplement très bien traitées et vivent des vies saines (de 2-3 années), au grand air. Ensuite, dans le cas d’Aogashima, elles sont envoyées à Kobe. Elles seront consommées sous le nom de Kobe Beef, alors qu’elles viennent d’un endroit tellement plus improbable.
Faites-moi plaisir et allez manger du wagyu qui n’est pas forcément estampillé Kobe Beef, donc pas forcément à Kobe, et encore moins dans les restos qui se vantent d’être les meilleurs. En dehors des grandes villes, demandez aux locaux où manger du wagyu, vous serez bien renseignés. Excusez-moi, je parle, je parle… mais c’est bientôt le coucher de soleil !
Otonbu, Oyama, et le Sanctuaire de Todaisho
Tous ces spots se concentrent à peu près au même endroit, entre la ville et l’intérieur du volcan. Les randonnées sont assez limitées, et il n’y a pas besoin de marcher plus d’une trentaine de minutes pour atteindre un spot en particulier.
Je vous conseille de cliquer sur ces photos pour les voir en plus grand, afin d’apprécier la véritable ambiance d’Aogashima. Imaginez-vous ici avec vos besties, à courir à gauche et à droite d’excitation devant ce spectacle majestueux !
Une soirée sur Aogashima
Et c’était fou ! Nous avons eu la chance d’obtenir une chambre le jour même dans la minshuku Aogashimaya (あおがしま屋). Nous nous sommes retrouvés à dîner avec dix autres mecs, qui ne voulaient vraiment rien nous dire de ce qu’ils faisaient sur l’île, à part que, pour certains, ils y étaient depuis quelques mois déjà. Mais après d’excellents sushi et des rasades de saké, les masques sont tombés : ils travaillent pour NTT ! Mais ils arrivent à se maîtriser, et difficile d’en savoir plus.
Ensuite, nous avons toujours un peu soif, et ça tombe bien car il y a un bar sur l’île : Monji. Là, nous avons rencontrés les locaux, et d’autres travailleurs de NTT, et nous avons eu droit à l’un des secrets de l’île. C’est une connection ultra-rapide (la fibre ?) qui est en train d’être installée ! L’utilité, elle, reste un mystère.
Après avoir bu la moitié de le l’Ao-chu – le shochu local – tout en chantant au karaoké du bar, nous partons admirer les étoiles à côté des boeufs-rois, également bourrés à la bière. La voie lactée est même visible… difficile de faire plus magique comme journée, non ?
Le lendemain matin, nous explorons à nouveau les petites routes de l’île, je vole mon drone par ci par là, j’explose littéralement mes cartes SD. Mais je pense que j’en ai déjà dis et montré BIEN ASSEZ et vous savez VRAIMENT à quel point j’ai adoré Aogashima.
Un Ouvrier Face au Mur
Sur le chemin du retour vers le port, nous osons emprunter une route fermée pour aller voir les murs de soutènement. Là, il y a un ouvrier qui se confie à nous : ça fait des mois qu’il est ici, condamné à bétonner une île qui ne cesse de s’effondrer. Il passe sa vie face à ces murs de béton qui demandent un travail sans relâche, et ses soirées plutôt très seul. Selon ses dires, nombreux de ses collègues sont en dépression, d’autres ont réussi à partir.
Ne l’oublions pas non plus : Aogashima est un volcan à part entière, en activité. En 1785, il avait déjà décimé la moitié de sa population (les autres avaient fui). Les habitants vivent encore et toujours dans la crainte d’une autre éruption.
…. alors oui. Je pose une nouvelle fois la question :
Pourquoi ne laisse t-on pas cette île aux oiseaux ?
Je voudrais remercier les contribuables Tokyoïtes, ainsi que la Raison Mystérieuse qui rend Aogashima accessible aux humains. Grâce à vous, j’ai passé un moment inoubliable.
Une larme, et nous voilà de retour sur Hachijojima. Son célèbre hôtel abandonné est visible ici, mais… c’est une histoire pour un autre jour.
💕
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