Une base militaire abandonnée en plein Tokyo ? Oui, et il y en a même plusieurs ! Mais l’une d’entre-elles a une particularité très curieuses : deux paraboles titanesques. Difficile de se retenir d’y aller jeter un coup d’oeil et d’en savoir plus !
On fait le tour du terrain à plusieurs reprises, mais la base est bien protégée. Du barbelé se trouve tout autour, sans oubli, il y a des gardes postrés à plusieurs endroits, et c’est une zone résidentielle très vivante où les habitants surveillent constamment (ils l’écrivent même sur des papiers qu’ils affichent un peu partout). Pour couronner le tout, il s’y trouve une tour de communication radio encore en activité et il y a donc des passages de voitures de l’armée… ça s’annonce pas terrible.
Voici un plan de la totalité de la base. La partie abandonnée est la section du haut, mais on peut voir en rouge la tour de communication toujours en activité et utilisée par l’USFJ (US Forces Japan). Les paraboles se trouvent un tout petit peu au dessus (ce sont 2 carrés vide avec un rectangle gris au milieu).
La base militaire abandonnée de Fuchu c’est sûrement le haikyo le plus fou à infiltrer : dangereux, car c’est un terrain militaire entouré de barbelé rouillé, et difficile, car il n’y a aucun accès facile et une fois dedans on se retrouve à la merci des gardes et des résidents de Fuchu qui tous surveillent (certains ont même des trépieds pour les soutenir). Forcément, il y a un côté fun à traquer les “bandits”.
Mais c’est alors que je soupèse mes arguments et que j’hésite que Jing prends son élan et escalade le barbelé comme un chat en fuite ! Stupéfié, je la poursuis sans prendre le soin de regarder derrière moi et on court se réfugier un peu plus dans la végétation derrière. On reprends son souffle. Bon ben ça c’est fait, on peut check-in sur Facebook.
Il semblerait que l’on soit rentré sans être vu, bien. On se dirige alors vers un premier building qui semblerait être destiné à loger les militaires.
Ce sont en effet des chambres, très simples mais surtout très taggées. Néanmoins c’est plutôt à l’avantage de ce haikyo : le lieu n’a rien de grandiose, mais son passé militaire associés à ces graffitis le rendent intéressant. L’atmosphère est cependant lourde, la peur d’être repéré est omniprésente. On fait attention à ne pas faire le moindre bruit.
La plus grande prison du Japon se trouve également à Fuchu, donc très près d’ici. C’est rassurant. Au moins si on se fait repéré, on aura pas beaucoup à marcher.
Ce bâtiment semble très proche des paraboles. Peut-être est-ce là que l’on va trouver les installations de communication ?
Non, apparemment ce sont encore des sortes de dortoir. La base militaire fut utilisée pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 1964, mais dans quelle partie ? Dans la partie toujours en activité, ou celle-ci, avec ses deux vieilles paraboles rouillées juste à côté ?
Ce bâtiment a fait la joie d’un tagueur : le lieu est rempli de petits bonhommes avec un “C” utilisant des toilettes traditionnelles et modernes. L’autre bonhomme à l’entrée (ci-dessus) se distingue des autres avec ses cheveux et son “W”. Qui représentent-ils ?
L’étage contient des graffitis un peu différentes, avec un objet de base toutefois en commun. Curieux ! Il serait intéressant de savoir ce que ces petits dessins racontent.
On redescend ensuite avec ces petits singes rigolos, jouant à leur tour avec le même petit objet étrange. C’est plutôt très réussi !
Une fois en bas, on aperçoit une voiture garée, et plus loin le garde qui sans aucun doute cherche quelque-chose. On s’est sûrement fait repéré par les voisins ! Le garde semble chercher autour des paraboles, là où le centre de communication se trouve. Mince ! Il vaut mieux déguerpir. Cinq minutes de stress plus tard, on se retrouve dehors. Un peu blessés par les barbelés, mais rien de grave.
Mais l’aventure ne peut pas se finir comme ça. Finalement, un peu plus tard, Jing me motive à y retourner tout seul : ça devrait être un peu plus facile en solo. Alors c’est parti, j’y retourne.
Sans hésiter je me dirige vers ce qui est, je suis sûr, le centre de communication. Il est en fait vraiment dans la broussaille ! Voici une des paraboles, sous le ciel bleu. J’adorerai monter, mais je pense que je vais jouer la carte de la discrétion absolue à partir de maintenant.
Et voici le centre de contrôle des paraboles géantes.
Cette section de la base militaire fait partie du “Communication Group” de la US 5th Air Force. Elle n’a été active que très peu de temps (1956 – 1973) et elle a à priori contribué aux communications avec l’armée de l’air pendant la première partie de la Guerre du Vietnam. Décryptage et Autovon (système téléphonique américain “de survie” en cas d’attaque nucléaire) sont des mots qui contribuaient à la magie du lieu.
La photo ci-dessous montre l’alimentation (et l’amplification du signal) des paraboles géantes. Celle du dessous représente probablement les commutateurs (switch) utilisés afin d’aiguiller les communications. Mais je me trompe peut-être, bien-sûr, ce ne sont que des suppositions.
Dans ce lieu se trouvent aussi 2 bureaux, avec des documents relatifs aux paraboles, avec des schémas explicatifs, des logs, et aussi quelques mangas histoire de faire passer le temps.
Ces 2 paraboles géantes de 13 mètres de haut servaient précisément à maintenir la communication radio avec une autre base militaire située tout au nord du Japon dans la région de Tōhoku : la base de Misawa. La communication se faisait par dispersion troposphérique (tropospheric scatter sur Wikipedia).
Les ondes étaient balancées et réceptionnées dans la troposphère (couche de l’atmosphère qui se situe en moyenne à 11km d’altitude) afin d’éviter d’être limité par le champ de vision. Ce centre de communication faisait parti du “Japan Tropo Scatter System”.
Le système permettait au final une communication radio entre Okinawa et le nord du Japon avec très peu de terminaux (ainsi que la Corée).
Si vous êtes intéressés par les systèmes de communication, la base de Misawa possède un AN/FLR-9 : c’est une rangée d’antennes circulaire capable de détecter des communications HF ayant lieu n’importe où sur le “cheval de fer” (à l’époque, c’est le nom du réseau mondial) ! Le FLR-9, c’est un peu le backdoor – cheval de troie super cool de la Guerre Froide, en gros !
Je prendrais bien plus de photos, mais je suis tout seul au milieu de cette base militaire abandonnée et j’entends des bruits partout autour. Sûrement les corbeaux, mais cette pensée ne me rassure pas assez. Je décide de partir en prenant mon temps et en faisant attention. Je me retrouve derrière le barbelé, un peu caché, mais alors que je me prépare à escalader un passant et son chien m’aperçoivent ! Je m’accroupi immédiatement et me déplace un peu derrière un petit mur. Jing m’envoie un SMS : “Surtout ne bouges pas ! Le mec et son chien sont juste à côté de toi !”. Pendant 5 longues minutes, j’attends comme ça que le mec et le chien s’en aillent. Ils finissent par se déplacer un peu, mais pas beaucoup, alors pas le choix : je déguerpis dans une autre direction et j’escalade très vite sans hésiter. Je me dirige ensuite comme si rien n’était loin de la base.
Sentiment extraordinaire d’accomplissement : après Gunkanjima et Nara Dreamland, c’est le lieu qui m’attirait le plus ! En pleine journée ce n’était vraiment pas évident, mais au moins, c’est fait. C’est l’heure d’aller nous reposer maintenant, et de trouver plutôt de jolis coins à photographier et à documenter, sans barbelés ni gardiens. En attendant, j’adorerai en savoir plus sur cette base, voir de vieilles photos des paraboles, mais aussi… connaître l’auteur et l’histoire des graffitis !
💕
Retrouvez mes produits exclusifs ci-dessous ! Rendez-vous sur mon Instagram pour plus de photos et des vidéos. Merci à vous !
-
Les Villages du Japon (eBook)€9,90
-
Bracelet Torii€35,00
-
Utilisation Photo€15,00
Et ben il a fallu une bonne dose de courage pour celui-là, une vraie mission d’infiltration ! J’avoue que ces graffitis m’intéressent pas mal aussi, à travers le blog vous n’avez jamais eu de retour sur eux par hasard ?
Si tu lis l’anglais tu peux aller voir les commentaires sur la traduction de cet article (avec les drapeaux tout en haut à gauche du site). En gros, quelqu’un a dit que c’était pour indiquer le fonctionnement des toilettes et que c’est d’époque ! Je trouve ça incroyable, et je ne suis pas sûr d’y croire 😉
D’accord, j’avais vu l’onglet pour l’anglais mais je n’étais pas encore allée voir, merci du conseil ^^ Au moins ils ont des idées originales pour expliquer le fonctionnement des toilettes haha !
C’est le moins qu’on puisse dire ^^ Mais j’aimerais beaucoup vérifier l’info quand-même…
Ça me donne envie de faire des recherches, si j’ai des nouvelles, je te tiens au courant !
4.5